Certains diront : “Mais en quoi est-ce différent d’une religion qui s’impose ?” La réponse est simple : ici, le but est de bombarder, faire de la propagande et éliminer tout dirigeant ou peuple qui rejette d'accepter certaines idéologie. C’est une guerre d’influence totale, sans terrain à conquérir, mais avec des esprits à soumettre.
Ce texte ne cherche pas à victimiser les croyants ni à se plaindre du monde. Mais comme la plupart des gens ont peu de repères en histoire et en géopolitique, il est essentiel de comprendre comment certains mécanismes d’influence et de domination ont été mis en place parfois de façon brillante pour imposer l’athéisme, les valeurs occidentales ou encore la pensée purement analytique.
À partir du siècle des Lumières, l’Europe commence à imposer un modèle intellectuel fondé sur la raison analytique, la science et le progrès technique qui a permis de dominer militairement, technologiquement et économiquement les autres.
Ce déséquilibre s’amplifie avec la révolution industrielle, la colonisation du 19e siècle, puis l’arrivée d’un nouvel acteur dominant après 1945 : les États-Unis. Ce pays ne se contente pas d’imposer ses produits ou ses bases militaires. Il exporte aussi son mode de pensée, ses valeurs politiques et sa lecture du monde.
Ce processus global porte le nom de colonialisme cognitif. Il ne s’agit plus de coloniser des terres, mais des esprits. On impose aux autres pays une manière de penser, de juger, de croire. Ce modèle est présenté comme universel, mais il sert en réalité des intérêts géopolitiques précis.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont mis en place une stratégie de “regime change”: tout dirigeant étranger qui conteste leur influence est remplacé par un autre plus docile. Cela passe par des coups d’État, des sanctions, des révolutions pilotées, voire des assassinats ciblés.
Selon la chercheuse Lindsay A. O’Rourke, les États-Unis ont mené 64 interventions secrètes pendant la Guerre froide.
Mais la domination passe aussi par les idées : cinéma, médias, réseaux sociaux, ONG…, présenter certains peuples comme « arriérés » et leurs traditions comme « oppressives ». Ce n’est plus seulement une guerre de tanks, mais une guerre culturelle.
Aujourd’hui, quand les États-Unis veulent affaiblir un pays, ils ne commencent pas avec des bombes. Ils commencent avec des slogans. On dit : “Regardez, ce pays opprime les femmes.” Ou encore: “Ils n’ont pas de démocratie, pas de liberté d’expression.” On caricature une culture entière pour justifier une intervention. C’est ce qu’on appelle la propagande morale : on diabolise, on déshumanise, puis on attaque… au nom du “bien”.
Quelques exemples parmi d’autres :
Résultat : des pays affaiblis, dirigés par des leaders contrôlés, corrompus ou impuissants.
Le colonialisme cognitif, c’est l’imposition d’idéologies qui prétendent décider de ce que les peuples ont le droit de penser, de dire ou de défendre.
Référence : Lindsay A. O’Rourke, Covert Regime Change: America’s Secret Cold War, Cornell University Press, 2018.